Propos liminaire du Dr Raymonde GOUDOU COFFIE, Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, République de Côte d’Ivoire à la Rencontre de Haut Niveau sur le VIH / Sida avec pour thème « Impact du VIH / Sida sur la santé globale ».
Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire se félicite à travers ma modeste personne, de prendre part à cette rencontre de haut niveau, en marge de la 9ième Conférence Scientifique de l’International AIDS Society pour débattre une fois encore, de cette affection dont la morbidité et la mortalité au niveau mondial mais particulièrement dans nos pays du Sud, demeurent encore élevées.
Toutefois, la tendance évolutive de l’épidémie et l’ensemble des efforts consentis respectivement par les gouvernements et la communauté internationale laissent cependant entrevoir, un horizon meilleur quant à l’atteinte de l’objectif de l’élimination à l’horizon 2030 fixé par l’ONUSIDA et auquel nous adhérons tous.
L’infection à VIH, on n’en parle pas assez est également une affection chronique dont la gestion au quotidien a eu comme conséquence, la modification de certaines pratiques comme la délivrance de l’offre de soins.
Depuis l’avènement de l’infection à VIH, des succès notables ont été relevés. Selon l’ONUSIDA, en 2016, 19,5 millions de personnes vivant avec le VIH ont bénéficié d’un traitement antirétroviral contre 7,7 millions en 2010. Les décès liés au sida ont diminué quant à eux de 48% sur la même période.
En Côte d’Ivoire, les avancées obtenues dans le cadre de la lutte contre l’infection à VIH/sida relèvent certes des avancées scientifiques avec par exemple, la mise à disposition de médicaments mais aussi d’interventions programmatiques qui visaient à répondre à certains défis comme la mise en place de l’offre des services de prise en charge et l’intégration de ces services VIH au système global de Santé.
Ainsi donc, les expériences et / ou bonnes pratiques à l’origine de ces succès au niveau de la lutte contre l’infection à VIH, pourraient être aisément répliquées dans la prévention et la prise en charge des autres maladies chroniques.
La stratégie de conseil et dépistage du VIH à l’initiative du prestataire (CDIP) qui a permis de relever le niveau de connaissance du statut sérologique au niveau des populations mais surtout d’identifier les personnes séropositives pourrait être fort utile face à la menace de santé publique que constituent les hépatites virales de nos jours.
Un dépistage actif avec en prime la vaccination permettrait de contenir assez efficacement la progression de cette infection. Cette stratégie est d’ailleurs mise en œuvre au niveau de la PTME ou l’association du dépistage du VIH et de la syphilis permet de nous inscrire dans l’élimination de la syphilis congénitale.
L’exemple du « modèle différencié » de soins VIH mis en œuvre dans le cadre du « Tester et Traiter tous » pourrait inspirer à améliorer le suivi des patients souffrant de maladies non transmissibles (HTA, diabète, cancers, …) le plus souvent très âgés, diminués physiquement et financièrement. Ces maladies représentent une des grandes menaces de santé publique dans les pays en voie de développement du fait de l’urbanisation, du mode vie sédentaire et de l’alimentation modifié des populations.
Il s’avère que les activités de prévention et d’amélioration de la qualité de vie des PVVIH intègrent le dépistage et la prise en charge des maladies non transmissibles. Ces stratégies sont et doivent être appliquées à la population VIH négative pouvant bénéficier des structures installées dans une approche santé publique.
Aussi, le modèle de prise en charge VIH, basée sur la stratégie de « traiter le plus tôt possible à un stade précoce et dès que le patient peut prendre le traitement ; peut et doit s’appliquer aux autres maladies infectieuses, en ayant à l’esprit d’éviter les opportunités manquées et de réduire la transmission.
Dans les situations ou l’accès aux services de laboratoire peut relever d’un luxe, l’utilisation de kits de traitement comme c’est le cas avec la prise en charge des IST dans le cadre de l’approche syndromique pourraient être aussi une alternative pour répondre à la mortalité élevée dans certaines zones géographiques. Les plateformes de laboratoire mises en place dans le suivi virologique des PVVIH doivent servir pour le diagnostic et le suivi des patients souffrant d’hépatites virales B et C. La formation, L’expertise acquise et le renforcement des laboratoires permet aujourd’hui de répondre aux défit des maladies émergentes aussi en médecine humaine qu’animale.
Les résistances virales et bactériennes (tuberculose++++) sont une source de préoccupation dans le cadre de la prise en charge des PVVIH. Les derniers chiffres de l’OMS montrent une augmentation de plus de 10% des premières lignes de traitement ARV dans les pays à ressources limitées.
Dans ce contexte, le modèle de surveillance sentinelle de la résistance du VIH et du paludisme, ainsi que la riposte avec des alternatives à travers des molécules récente, doivent être appliquées aux autres maladies infectieuses.
Mesdames et messieurs,
Distingués participants,
Je n’ai évoqué que quelques approches stratégiques éprouvées et mise en œuvre pour répondre à la pandémie du VIH/Sida. Il en existe d’avantage et il s’agit pour nous de les capitaliser toute et les appliquer dans le large champ de la santé globale pour le bien-être de nos populations.
Je vous remercie.